Il est temps de revoir la responsabilité de l'entreprise vis-à-vis de l'émancipation de ses équipes. Trop souvent, on parle de "fidélisation des talents". Mais est-ce vraiment la bonne approche ? Plutôt que de chercher à tout prix à retenir les collaborateurs, pourquoi ne pas accepter le turnover ? Les départs ne sont pas un échec, mais une évolution naturelle. Il est temps de repenser l'organisation et d'intégrer une stratégie RH qui accepte ce mouvement, au lieu de le craindre.
Accepter le turnover comme levier de croissance
L'émancipation des collaborateurs et collaboratrices commence là. Laisser les talents se développer, même si cela signifie qu'ils partiront un jour. L'enjeu n'est pas de les garder à tout prix, mais de leur permettre d'évoluer, que ce soit en interne ou à l'extérieur. Une entreprise mature ne cherche pas à figer ses équipes. Elle les forme, les inspire, et accepte leur départ quand il est temps.
Plutôt que de voir le turnover comme une menace, il faut le considérer comme une chance. Chaque départ est l'occasion d'intégrer de nouvelles perspectives, de nouvelles compétences. Accueillir ce renouvellement, c'est enrichir son organisation avec des idées neuves.
Une réalité à nuancer
Bien sûr, ces mouvements ont un coût. Chaque départ implique du temps pour recruter et former un nouveau collaborateur, sans parler du coût financier. Mais cette réalité est vraie pour les organisations telles qu'elles sont pensées aujourd'hui. Le défi est de transformer cette contrainte en opportunité. En anticipant le turnover, en le préparant, on peut limiter ces coûts. Mieux encore, on peut en faire un levier pour renforcer la dynamique interne.
De plus, c'est le sens de l'histoire. Les nouvelles générations, en particulier la génération Z, recherchent autre chose que la stabilité à vie. Elles valorisent la flexibilité, le développement personnel et l'apprentissage de nouvelles compétences. Ignorer cette tendance, c’est risquer de se couper des talents de demain. Accepter le turnover comme un phénomène naturel et ajuster ses pratiques permet de répondre aux attentes de ces jeunes talents et de rester attractif.
[...] penser qu'elle peut, à elle seule, garantir la santé de ses collaborateurs est un leurre.
On en demande un peu trop non ?
Parlons aussi de la santé des salariés. Oui, il est crucial que l'entreprise s'en préoccupe. Mais penser qu'elle peut, à elle seule, garantir la santé de ses collaborateurs est un leurre. Chacun de nous évolue dans un environnement complexe : social, familial, politique, environnemental. L'entreprise est un acteur de cet écosystème, mais elle n'en est pas le centre.
Les programmes de bien-être en entreprise sont nécessaires, mais ils ne doivent pas masquer une réalité plus large. L'entreprise ne peut pas tout contrôler. Son rôle est de créer des conditions de travail favorables, certes, mais nous devons aussi reconnaître que la santé des salariés dépend de nombreux autres facteurs.
Vers une stratégie responsable et sincère
En résumé, l'entreprise doit accepter qu'elle n'est qu'un acteur parmi d'autres dans la vie de ses salariés. Mais elle reste responsable d'une chose essentielle : être sincère dans sa réflexion sur son rôle. Elle doit se poser les bonnes questions, comprendre ses limites, mais aussi définir les actions qu'elle peut réellement mener pour le bien-être et l'émancipation de ses collaborateurs. Cette responsabilité, c'est de trouver une réponse authentique et d'incarner ce rôle de manière concrète.
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